Femmes et IA : Pour une innovation inclusive

Alors que l’IA s’impose comme une transformation majeure de nos sociétés, la représentation des femmes dans ce domaine reste limitée, que ce soit en matière de recherche, d’entrepreneuriat ou de gouvernance. Une situation qui interroge : une technologie qui façonne l’avenir peut-elle être pensée sans une partie de la société ?

C’est tout l’enjeu du Baromètre Européen de l’IA porté par JFD, EY et Fabernovel, remis au Président de la République et à la Madame la Ministre de l’IA et du Numérique lors de l’AI Action Summit. Ce baromètre met en lumière les écarts persistants en matière de parité dans l’IA, tout en identifiant des leviers pour construire une IA plus représentative.

Un écart structurel de représentation

Les données du baromètre révèlent un déséquilibre significatif dans la participation des femmes à l’IA en Europe :

• 26,3 % de la main-d’œuvre IA est féminine.

• 29 % seulement des responsables de départements IA dans les entreprises sont des femmes.

• 33 % des utilisateurs de ChatGPT dans le monde sont des femmes.

Ces chiffres traduisent un double enjeu. D’une part, un accès limité aux postes décisionnels et aux opportunités entrepreneuriales. D’autre part, une fracture dans l’usage et l’adoption des outils IA.

Ce déséquilibre a des conséquences sur la manière dont l’IA est conçue, déployée et régulée. Une innovation technologique ne prenant pas en compte la diversité des parcours et des expériences risque de renforcer des biais existants et d’exclure certaines populations de ses bénéfices.

Les risques non-exhautifs d’une IA non inclusive

Loin d’être une simple question de représentativité, le manque de diversité dans l’IA soulève des enjeux fondamentaux quant à la fiabilité, l’éthique et l’impact de ces technologies.

Biais algorithmiques

Une IA conçue sur des bases de données non représentatives risque de reproduire et d’amplifier des discriminations de genre, d’origine ou sociales.

Fracture numérique genrée

Les femmes sont sous-représentées dans les filières technologiques et peinent à accéder aux opportunités économiques qu’offre l’IA. Cette exclusion progressive risque de créer un écart dans l’accès aux savoirs et aux emplois de demain.

Freins à l’innovation

Une IA développée sans diversité se prive de perspectives variées pour produire des solutions adaptées à l’ensemble de la société. Intégrer des profils diversifiés permet d’anticiper un éventail plus large de cas d’usage et d’éviter des angles morts dans le développement technologique.

L’éducation et la formation comme leviers stratégiques

Si l’IA représente un facteur de progrès partagé, elle ne peut l’être pleinement sans un investissement dans la formation et la sensibilisation. L’éducation constitue un levier essentiel pour garantir que les femmes puissent être pleinement actrices de la transformation numérique.

Encourager l’accès des jeunes filles aux filières scientifiques et technologiques (STEM)

La faible présence des femmes dans l’IA trouve en partie son origine dans les dynamiques d’orientation. Mieux informer et déconstruire les stéréotypes dès le plus jeune âge est une première étape pour rééquilibrer la dynamique.

Développer des passerelles entre IA et disciplines variées

L’IA ne concerne pas uniquement les ingénieurs. Son impact touche le droit, l’éthique, la sociologie et l’économie. Valoriser l’interdisciplinarité permettrait d’élargir le profil des talents entrant dans ce domaine.

Faciliter l’accès aux outils IA à un public élargi

L’IA n’est pas une opportunité réservée aux seuls experts techniques. Une adoption accompagnée par des initiatives pédagogiques permettrait aux professionnels de tous secteurs de comprendre et d’exploiter ces technologies dans leurs pratiques.

Construire une IA à l’image de la société

L’IA n’est pas neutre : elle reflète les valeurs, les priorités et les biais de ceux qui la conçoivent. À ce titre, l’inclusion des femmes dans l’IA ne relève pas seulement d’un impératif d’égalité, mais d’un enjeu de qualité et de pertinence des innovations produites.

Des initiatives pensées de manière structurelle, en impliquant à la fois les pouvoirs publics, les entreprises et les établissements d’enseignement se font d'importants leviers de réduction de ses écarts. L’inclusion ne peut se limiter à des engagements ponctuels mais devenir une dimension intégrée à chaque étape du développement des technologies d’IA.

Une IA inclusive est une IA qui tient compte de la pluralité des expériences et des besoins de la société.

Les choix faits aujourd’hui en matière de diversité dans l’IA conditionneront son impact sur les décennies à venir. Construire une IA véritablement inclusive, c’est garantir que cette révolution technologique ne soit pas l’affaire d’un groupe restreint, mais une avancée partagée; une avancée pour tous.