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Startups et acteurs publics : deux mondes, deux temporalités… une alliance à inventer ?

Quand l’urgence de l’innovation croise le temps de l’action publique, l’incompréhension est-elle inéluctable ?


Face aux défis du XXIe siècle — climatiques, sociaux, numériques —, la convergence des forces de l’innovation privée et des leviers institutionnels se fait porteuse d'opportunités pour le bien commun. Pourtant, cette collaboration reste entravée par des différences profondes : des rythmes dissonants, des cultures organisationnelles divergentes et des représentations souvent réductrices de « l’autre culture ».


D’un côté, l’agilité et l’audace des startups, guidées par des impératifs de croissance et d’accélération. De l’autre, la prudence des institutions, garantes de l’intérêt général et soumises à la rigueur des procédures et à la redevabilité démocratique. Deux logiques de temps et de priorités que tout semble opposer… ou presque.


Et si, plutôt que de tenter de les aligner, nous apprenions à les articuler dans une dynamique complémentaire ?


Deux rythmes, deux vocations… et pourtant un même horizon

La temporalité des startups est celle de l’expérimentation et de l’adaptation permanente. Dans un environnement marqué par l’incertitude, elles avancent par itérations rapides, cultivent le droit à l’erreur et célèbrent la capacité à pivoter jusqu’au Product Market Fit.


Différemment, l’institution publique incarne le temps long : elle inscrit son action dans la continuité des politiques publiques, soucieuse de garantir la stabilité sociale, l’équité et la protection des droits fondamentaux. Ses processus de décision, souvent perçus comme lourds, sont aussi les garants d’une responsabilité collective, où chaque action engage durablement.


Ces rythmes ne sont pas incompatibles ; ils sont complémentaires. L’innovation a besoin d’un cap, d’une vision qui dépasse l’horizon du trimestre financier. L’action publique, quant à elle, a besoin de la capacité des innovateurs à penser en dehors des cadres établis, à ouvrir des voies nouvelles lorsque les instruments traditionnels s’essoufflent.


Vers une alliance : trois pistes pour conjuguer innovation et action publique


1. Du contrat à la co-construction : changer de paradigme relationnel


La relation entre startups et institutions ne saurait se réduire à la seule logique d’achat de solutions sur le marché. Elle gagne à s’inscrire dans des dynamiques de co-construction, dès l’amont des projets. Travailler avec les innovateurs dès la naissance des besoins publics permet de concevoir des solutions novatrices, mieux adaptées aux réalités du terrain — comme le prévoit le partenariat d’innovation défini à l’article L.2172-3 du Code de la commande publique.


Exemple : Le programme beta.gouv.fr illustre cette approche. Depuis 2015, plus de 250 services publics numériques ont été lancés selon l’approche des Startups d’État, favorisant ainsi une collaboration étroite entre intrapreneurs publics et experts du numérique. 


Un autre exemple emblématique : les Policy Labs, présents aujourd’hui dans de nombreux pays européens, favorisent des espaces de co-construction entre administrations, chercheurs, citoyens et acteurs économiques. Ces laboratoires d’innovation publique expérimentent des solutions concrètes à des enjeux complexes, en mobilisant des approches centrées sur l’usager et des méthodes de prototypage rapide.


Exemple : Le Government Outcomes Lab de l’Université d’Oxford accompagne les administrations dans la mise en œuvre de partenariats à impact social.


2. Expérimenter dans un cadre sécurisé : adopter une culture agile de l’innovation publique


La méthodologie d’innovation agile, chère aux startups, pourrait nourrir une culture publique de l’expérimentation encadrée. Les regulatory sandboxes, déjà éprouvées dans la fintech, permettent de tester des innovations à petite échelle, d’en évaluer rigoureusement l’impact et de déployer plus largement ce qui fonctionne.


3. Construire une culture de la confiance mutuelle


Au cœur de cette réconciliation réside un défi plus profond : celui du regard porté sur l’autre. Les startups ne sont pas des acteurs uniquement guidés par la rupture ; elles peuvent être des éclaireuses de solutions nouvelles pour l’intérêt général. Les institutions ne sont pas des entités figées ; elles demeurent les garantes de notre démocratie et de l’action publique au service des citoyens.


De la confrontation des temporalités à leur articulation


Le temps de l’innovation rapide et le temps de la responsabilité publique ne sont pas des adversaires. Ils peuvent, au contraire, s’enrichir mutuellement pour dessiner des trajectoires de transformation à la fois audacieuses et soutenables.


Dans un monde où les crises se succèdent à un rythme accéléré, pourrions-nous prendre le temps de dépasser l’opposition stérile entre l’urgence d’agir et la nécessité de durer ? C’est peut-être dans cette rencontre des rythmes — dans ces respirations communes entre l’urgence et la durée — que s’inventera le modèle d’innovation publique dont notre époque a tant besoin — un modèle à la mesure des défis et des espérances du temps présent.


Et vous, comment imaginez-vous cette alliance entre innovation et intérêt général ?

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Bonjour et merci pour votre visite !

Fondatrice et Présidente d'In Foreign We Speak, je suis passionnée par l'éducation linguistique et culturelle.

 

Je suis également une oratrice et écrivaine, partageant mes pensées à travers des prises de parole, articles, poèmes et romans en cours d'écriture.

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